Publié le 29 mai 2024
Il est aisé de pointer du doigt un épisode de grand froid, comme Donald Trump l’a déjà fait par le passé, pour expliquer que le réchauffement climatique n’existe pas.
Il est toujours bon de rappeler que la météo correspond à une situation instantanée et locale du temps qu’il fait (température, précipitations, vent…). A l’inverse, le climat, c’est une « description statistique fondée sur les moyennes et la variabilité de ces mêmes grandeurs (température, vents…) sur des longues périodes et à l’échelle mondiale ». En général, l’Organisation Météorologique mondiale choisit une période de 30 ans pour établir les moyennes qui caractérisent un climat et ses caractéristiques.
Le changement climatique correspond à une modification durable du climat à l’échelle planétaire « qui vient s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables ».
Compte tenu du nombre de phénomènes et de variables en jeu dans le dérèglement climatique, il n’est pas chose facile de modéliser les changements climatiques. Une simple équation ne suffit pas.
Pour modéliser les évolutions du climat, les experts du GIEC s’appuient sur de nombreuses simulations qui portent sur l’atmosphère, les océans et banquises, les reliefs, la végétation, les nuages ou encore les gaz à effet de serre. C’est la combinaison de ces différents modèles climatiques qui permet de proposer une analyse globale et des prévisions.
Un indicateur relativement parlant a tout de même été choisi comme référence pour symboliser et mesurer l’évolution climatique, c’est « le réchauffement planétaire ».
Il correspond à l’écart entre la température moyenne à la surface de la planète à un instant t et la température moyenne connue lors des niveaux préindustriels (de 1850 à 1900).
Il est vrai que la Planète a connu au cours de son histoire des changements climatiques majeurs. Ils sont notamment liés à 3 paramètres astronomiques appelés « paramètres de Milankovitch » :
Ces trois paramètres ont façonné le climat de notre Planète depuis des millions d’années. En effet, ces paramètres influent sur la quantité d’énergie solaire reçue et donnent donc notamment lieu à des étés plus ou moins chauds.
En remontant sur le dernier million d’années, les scientifiques ont pu observer l’alternance entre des périodes glaciaires et des périodes interglaciaires.
Depuis 11 000 ans, nous nous situons dans une ère « interglaciaire ». Théoriquement, d’ici une dizaine de milliers d’années, la Terre devrait donc se refroidir pour entrer dans une nouvelle ère « glaciaire ». Donc effectivement, le climat change naturellement depuis toujours !
Sauf que… Sauf que nous vivons aujourd’hui une évolution climatique différente, unique.
Dans son 5ème rapport d'évaluation (2014), le GIEC est clair sur ce point : “Le réchauffement du système climatique est sans équivoque et, depuis les années 1950, beaucoup de changements observés sont sans précédent depuis des décennies voire des millénaires.”
Effectivement, non seulement la Terre se réchauffe mais elle se réchauffe à vitesse grand V, c’est-à-dire en quelques centaines d’années et non comme avant, c’est-à-dire progressivement sur quelques milliers d’années.
Comparons l’énergie solaire reçue par la Terre et la température moyenne à la surface du globe. Observez le décalage entre « l’évolution naturelle » liée notamment aux paramètres de Milankovitch (avant 1950) et l’évolution actuelle depuis 1950. On voit que les deux courbes, relativement bien corrélées jusqu’en 1950, ne progressent plus de manière similaire sur la suite. Alors que la quantité d’énergie solaire reçue par la Terre reste relativement stable, la courbe des températures, elle, s’envole vers un bon degré supplémentaire.
Nous sommes donc bien dans une situation de réchauffement inédite et non « naturelle ». Là où perdre ou gagner 5 degrés prenait des dizaines de milliers d’années, nous avons déjà gagné un degré en moins d’un siècle. Du jamais vu !